L’esprit humain fonctionne de façon parfois étrange. Ainsi, on lui suggère peu et il comprend beaucoup.
Le tour « c’est peu dire » sert à signifier explicitement que le fait énoncé est bien plus important que la manière dont on l’énonce. Cet exemple tiré de Reverso l’illustre très bien :
Ils ont les moyens de te faire parler et c’est peu dire.
L’imagination s’emballe : ils vont me crier après ? me menacer ? me faire chanter ? me gifler ? me torturer ? me torturer comment ?
Il y a bien sûr des emplois bien plus agréables de l’expression.
Cette vidéo est hypnotisante… et c’est peu dire ! 1
« C’est peu dire » s’emploie souvent comme proposition principale suivie de « que ».
C’est peu dire que François Hollande a été succinct. 2
On pourrait aussi dire : « François Hollande a été succinct, c’est le moins qu’on puisse dire ».
J’ai dit tout à l’heure que le tour « c’est peu dire » est explicite. Mais on peut aussi parler implicitement, en disant moins pour exprimer beaucoup, sans mettre les points sur les i.
Ce tour s’appelle « litote », un terme de rhétorique dérivé d’un mot grec signifiant « petit ». Un exemple célébrissime de ce tour en français est « va, je ne te hais point ». Dans Le cid de Pierre Corneille, Chimène lance la réplique précitée à son amoureux Rodrigue pour lui faire entendre qu’elle l’aime toujours (car son père vient d’être tué par Rodrigue).
Les Québécois – et je soupçonne aussi les Costaricains – sont friands de la litote : « il n’est pas laid » pour « il est beau », « c’est pas grand » pour « c’est petit ». Il y aurait tout un livre à écrire sur la litote québécoise.
La notion de litote est si proche de celle de l’euphémisme que les deux mots ont fini par se confondre.
Personnellement, je distingue les deux termes. À mon avis, le but de la litote est d’exprimer beaucoup en parlant peu et celui de l’euphémisme est de revêtir une idée sous des mots socialement acceptables. L’un suggère, l’autre voile.
À preuve, si « litote » veut dire « petit » en grec, « euphémisme » signifie littéralement « qui se dit bien ».
Quand Chimène parle à Rodrigue, elle ne cherche pas à se faire accepter socialement. Elle veut créer une forte émotion en faisant mine de diminuer ses sentiments.
L’euphémisme règne en maître sur le domaine de la rectitude politique. On est passé de « infirme » à « handicapé » puis à « personne handicapée », de « fou » à « malade mental » à « arriéré mental » à « débile mental » à « déficient mental » et enfin à « personne ayant une déficience mentale ».
Parfois l’euphémisme se justifie, parfois il exagère, mais cela dépasse le cadre de ce site.
Exemple en espagnol :
Es poco decir que ellos tienen formas de hacerte hablar. 3