Au Québec – et probablement dans quelques autres régions francophones –, on utilise très couramment la tournure suivante :
L’avoir su avant, je me serais préparé.
Ce tour signifie : « si je l’avais su avant, je me serais préparé ». Il appartient donc au domaine de l’hypothèse et j’ai longtemps cru que c’était un régionalisme exclusivement français. Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre un Péruvien me dire : « haberlo sabido » dans le même sens où nous l’employons au Québec.
Frappé par l’exacte correspondance entre l’espagnol et le français, j’en ai aussitôt parlé à un ami québécois féru de langues, qui a relayé à une amie portoricaine à Montréal. Celle-ci lui est revenue avec un petite précision : la tournure en espagnol doit être précédée de la préposition « de ». Nous aurions donc : « De haberlo sabido, no habría venido ».
Pour revenir au français, l’utilisation de l’infinitif afin d’exprimer l’hypothèse ne se limite pas au passé. Considérez cette phrase :
Être riche, je ferais le tour du monde.
Cette tournure est très courante au Québec, et très pratique. Personnellement, je suis frappé d’admiration devant tant de concision pour exprimer l’hypothèse.